Depuis toujours l’être humain a utilisé les ressources fournies par la nature pour subvenir à ses besoins de base, comme se nourrir principalement, mais aussi pour fabriquer des outils, des habitations et divers autres objets avec différentes fonctions que ce soit pour sa survie ou tout simplement pour améliorer son quotidien et son confort de vie. D’une façon générale, l’être humain aime le beau et beaucoup de ces objets ont pour but de contribuer à cette beauté au quotidien. Mais à quel prix ?
Avec l’avènement de l’ère industrielle il y a environ 2 siècles (autant dire une goutte d’eau à l’échelle de l’âge de la Terre), l’être humain a décuplé ses capacités à exploiter les ressources naturelles avec toutes les conséquences que l’on connaît aujourd’hui (bonnes et moins bonnes) que ce soit aussi bien au niveau environnemental qu’au niveau social. Il y a eu et il y a encore tant d’abus dans l’extraction, l’exploitation, la transformation et l’utilisation de ces ressources. En 2 siècles, l’être humain a transformé la face de la Terre. Dans certains cas pour en sublimer la beauté à l’instar de ces magnifiques jardins botaniques que l’on peut trouver dans le monde par exemple et dont l’existence démontre la capacité de l’être humain à travailler avec la nature pour la rendre encore plus belle. Malheureusement, ces transformations ne sont pas que bénéfiques et ont des conséquences très importantes aujourd’hui notamment au niveau climatique. Pour illustration, toutes ces mines à travers le monde où toute végétation, pour ne pas dire toutes vies, a été détruite et où la terre est meurtrie de ces plaies béantes et laissée à la merci des éléments provoquant entre autres une érosion prématurée des sols, la pollution des cours d’eau et plus généralement un dérèglement des écosystèmes de ces zones, parfois même en dehors de ces zones. Autant d’impacts qui disséminés sur toute la surface de la planète ont contribué et contribuent encore aux dérèglements climatiques que nous connaissons aujourd’hui.
Il est triste de nos jours de constater que malgré toutes les alertes lancées, et ce depuis les débuts de l’ère industrielle, rien de significatif n’est fait encore aujourd’hui. Et les multiples COP en sont la triste illustration. Les états et leurs dirigeants se regroupent, le monde scientifique est présent pour leur démontrer les effets néfastes (rapports du GIEC par exemple) et surtout leur montrer les solutions, le tout pour discuter et se mettre d’accord sur des actions à mettre en place au niveau mondial en faveur de l’environnement. Tout ce qui en ressort ce ne sont à chaque fois que des promesses avec des échéances irréalistes et inadaptées compte-tenu de l’urgence. C’est aujourd’hui que des actions doivent être prises. On peut se poser la question suivante : ”Quelles sont les motivations derrières ses décisions et accords ?”
La réponse là aussi est tristement simple : “Le profit, et le profit à tout prix”. Eh oui, le monde est dirigé par une poignée d’individus dont la seule motivation est la recherche de pouvoir et surtout d’argent. Dans quel but ? On se le demande. Mis à part amasser dans le simple but d’avoir, sachant que ce n’est pas vraiment un but en soi… Et puis, jusqu’à preuve du contraire, on ne l’emporte pas dans la tombe cet argent. Ça se saurait…
On sait aujourd’hui que la main de l’homme a eu pour effet au moins de contribuer à l’accélération des changements climatiques que nous connaissons. On sait aussi, grâce à de multiples exemples dans le monde, que l’homme est capable d’aider la nature à se régénérer plus vite que par elle seule. Pour preuves, nous trouvons de nombreux exemples de revégétalisation de zones désertiques qui sont devenues de véritables oasis luxuriantes et dans lesquelles tout un écosystème s’est réinstallé foisonnant de vie. Comme quoi c’est possible.
Les peuples premiers ont un lien très particulier et privilégié avec la Nature. En effet, pour ceux qui ont pu conserver cette connaissance au travers des âges et des différentes colonisations qu’ils ont pu connaître, ils savent qu’ils en sont les gardiens. Ils savent qu’ils sont là pour s’assurer que la nature soit respectée et qu’elle ne sera pas surexploitée et détruite. Ils sont malheureusement encore trop peu écoutés et l’on préfère, à l’instar des ressources naturelles, les utiliser comme des ressources en vue de leurs prendre leurs connaissances et les détourner pour faire encore plus de profits en se donnant l’illusion d’une bonne conscience par des actions et entreprises soi-disant pour la protection de l’environnement. Ce ne sont là que de nouvelles façons très égoïstes et dénuées de bienveillance de faire des affaires.
Depuis que l’être humain a commencé à exploiter les ressources naturelles, et notamment dans le sous-sol pour les métaux, ce sont des centaines de milliards de tonnes de métaux divers qui ont été produits. Entre 1980 et 2008, la demande mondiale de métaux a augmenté de 87 % pour atteindre plus de six milliards de tonnes (Source : https://www.resourcepanel.org/fr/rapports/taux-de-recyclage-des-m%C3%A9taux). Imaginez ce que cela peut représenter en volume de terre remuée pour extraire ces métaux avec toutes les conséquences désastreuses que l’on connaît sur les écosystèmes.
Selon le rapport de l’ONU – Perspectives des ressources mondiales 2024 – (Source : https://www.unep.org/fr/resources/Global-Resource-Outlook-2024), en 50 ans notre consommation des ressources naturelles de la planète a triplé.
La production d’acier brut au niveau mondial en 2022 était de 1,83 milliards de tonnes (Source : https://www.a3ms.fr/donnees-economiques/statistiques/production-mondiale-dacier-brut/).
Selon le rapport Taux de recyclage des métaux – Un rapport de situation (Source : https://www.resourcepanel.org/fr/rapports/taux-de-recyclage-des-m%C3%A9taux) :
“Les taux de recyclage des métaux sont bien inférieurs au potentiel de réutilisation. Moins d’un tiers des 60 étudiés ont un taux de recyclage supérieur à 50%, bien que beaucoup soient essentiels aux technologies propres telles que les batteries pour voitures hybrides ou les aimants dans les éoliennes.”
L’acier est un exemple intéressant car il est censé être extrêmement durable et recyclable à l’infini. Des millions de tonnes d’acier pourrissent pourtant dans le monde dans des structures abandonnées (usines, bâtiments, etc…). Un nouveau type d’exploration s’est même développé, l’URBEX ou exploration urbaine (Source : https://lejournal.cnrs.fr/articles/urbex-le-grand-frisson-de-lexploration-urbaine). Et cette pratique met au jour de nombreux sites dans le monde. Tout cet acier ainsi qu’une bonne partie des autres composants de ces structures pourraient être recyclés et pourtant ce n’est pas le cas. On préfère continuer d’extraire du sous-sol plutôt que de recycler. Quand l’acier est recyclé ce n’est malheureusement pas toujours dans des conditions optimales comme l’illustre ce site de démantèlement de bateaux en Inde (Source : https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/chantiers-navals-de-saint-nazaire/inde-des-chantiers-navals-de-demolition-qui-font-scandale_3505729.html), mais à quel prix comme le montre ce reportage. N’est-il pas honteux que les pays soi-disant évolués envoient leurs déchets dans d’autres pays pour qu’ils soient traités dans de telles conditions par d’autres êtres humains ?
Il s’agit là de choix stratégiques pour réduire les coûts sans tenir compte de toutes les autres conséquences pouvant en résulter. Il s’agit là encore de choix égoïstes et dépourvus d’humanisme.
C’est à croire que non seulement le recyclage est une sous-activité qui doit être réalisée dans des pays n’étant pas trop soucieux de l’environnement et de la condition humaine par la même occasion. Encore une fois tout cela pourquoi ? Tout simplement pour des raisons économiques. Ça n’est pas rentable de réaliser ces démantèlements en Europe notamment à cause des normes environnementales strictes qui induisent des coûts élevés pour ces traitements. On préfère donc envoyer ces déchets ailleurs en se donnant ainsi bonne conscience en contribuant au recyclage des matériaux mais à quel prix finalement. Ne serait-il pas plus judicieux lors de la conception, d’équipements, de produits ou autres structures quelles qu’elles soient, de rendre obligatoire d’une façon ou d’une autre la prise en compte du cycle de vie de ceux-ci ? Il s’agirait dès la conception d’étudier les solutions de recyclage à la fin de vie des objets et de prendre en compte ces solutions, ainsi que les structures nécessaires pour le faire, afin de valider ou non le bien-fondé de fabriquer ces objets. En d’autres termes, la fabrication de ces objets aura-t-elle un impact positif sur l’environnement et sur l’être humain ?
Au début de l’ère industrielle, l’homme a été en mesure de fabriquer des objets dont la conception était tellement robuste que ceux-ci existent toujours et sont encore en activité aujourd’hui. Il a ainsi déjà été démontré qu’il est possible de fabriquer de façon durable.
Un autre exemple frappant ce sont les cimetières d’avions comme ceux spectaculaires que l’on peut trouver aux Etats-Unis où sont entreposés des centaines d’appareils mis au rebus ou tout simplement stockés en attendant des jours meilleurs afin de justifier financièrement l’utilité de les faire voler. N’est-il pas honteux d’extraire des matières premières avec toutes les conséquences que l’on connait pour produire des avions, en l’occurrence, pour finalement les entreposer dans un désert ? C’est du gaspillage au même titre que ces supermarchés qui jettent les invendus de nourriture encore comestibles, alors que des millions de personnes dans le monde ne sont pas en mesure de se nourrir correctement ou voir meurent même faute de nourriture.
Avec toutes ces matières premières qui ont été extraites notamment depuis le début de l’ère industrielle et avec les méthodes de recyclage existantes à ce jour, l’être humain ne serait-il pas en mesure de diminuer considérablement les extractions ?
L’avenir de l’utilisation des ressources ne serait-il pas l’industrie du recyclage “propre” ?
Et si, comme l’a démontré Pierre Rabhi, la solution ne serait-elle pas d’aller vers plus de sobriété pour déjà réduire les besoins et par conséquent la production ?
Le meilleur des déchets n’est-il pas celui que l’on ne produit pas ? Voilà peut-être un précepte à intégrer dans tout ce que l’homme peut fabriquer.
Est-ce que plutôt que de faire de l’argent l’objectif ultime, il ne serait pas plus sage de mettre en avant le besoin de respecter l’environnement et de mettre plus d’humanisme dans tout ce que l’être humain produit et dans la façon dont il produit ?
En d’autres termes, compte-tenu de l’urgence environnementale et de tout ce qui en résulte, ne serait-il pas temps pour l’être humain de changer de paradigme afin de faire de l’environnement et de l’humanisme ses priorités ?

